Assesseur d'un jour

Nîmes, 20 juin 2021

Aujourd’hui c’est jour d’élection. Direction l’école de l’Oratoire et son bureau de vote numéro 307. Je vais, pour la journée, apporter ma contribution à la tenue des élections.

La mairie de Nîmes a lancé un appel aux volontaires, il y a plusieurs semaines, pour mobiliser des assesseurs parmi la population d’électeurs. Je me suis porté candidat instantanément sur le site internet, de par mon intérêt pour les élections, en général, et plus particulièrement pour celles-ci, les élections départementales.

Je n’ai reçu le coup de fil de la mairie que deux jours auparavant. Heureusement la météo n’était pas au rendez-vous, j’aurais vraiment hésité sinon! A 7h30, comme convenu, je suis devant la porte. Personne n’a l’air au courant qu’un assesseur supplémentaire doit arriver, ni le premier agent de mairie, Samya, qui galère à mettre les bulletins dans le bon ordre sur la table de “décharge”, ni le deuxième, Hakim, qui est tout fier d’avoir affiché les textes de loi, format A3, au mur, ni l’agent administratif, Monique, qui félicite son agent qui vient de coller l’affiche au mur.

Niveau organisation, il y a 2 élections différentes, donc 2 tables de décharge, 2 isoloirs, 2 urnes… un plan de circulation a été transmis, pourtant clair, mais pas assez pour Hakim, qui ne l’a pas du tout compris. J’en profite pour tout remettre dans un ordre de circulation logique, je déplace des isoloirs, les tables, les bulletins. J’attends que l’on me briefe sur le déroulement de la journée, et sur mon rôle, mais rien de tout cela n’était prévu apparemment. En gros, débrouille-toi.

Tout le monde s’étonne de l’absence du Président de bureau… A 10 minutes de l’ouverture du bureau, évidemment, cela inquiète Monique, qui précise que sans Président, pas d’ouverture du bureau. Mais celui-ci arrive finalement, avec ses cheveux de paille bien pentonnés, et accueillis comme un héro par ses potes d’élection, qui sont arrivés entre temps.

Et oui, car la particularité du bureau 307, est qu’il est le rendez-vous d’habitués de 30 ans, voire plus. Ils se retrouvent ici comme l’on se retrouve autour d’un barbecue. C’est leur moment, leur instant de camaraderie. Ils ne sont plus vraiment jeunes, ils tremblent un peu des mains, ils ont des lunettes quadruple foyer, mais qu’importe, pour rien au monde ils ne rateraient ce rendez-vous.

A 8h précises, le bureau ouvre. Les premiers électeurs arrivent, mais doucement. La Préfecture a limité le nombre d’électeurs présents simultanément à 3 personnes. Trop peu pour éviter qu’une file d’attente se forme à l’extérieur, mais aussi au niveau des feuilles d’émargement juste avant l’urne : pas facile de trouver le nom des gens sur ces petits cahiers et leurs petits caractères (rappelez-vous les lunettes quadruple foyer).

Je me place à l’entrée du bureau pour accueillir les gens, les faire patienter en attendant que le nombre de personnes à l’intérieur soit respecté et leur expliquer, dans les détails, le circuit qu’ils vont bientôt découvrir : les bulletins puis l’isoloir des départementales, puis les bulletins et l’isoloir pour les régionales. “Que c’est compliqué!”, disent certaines personnes. “On dirait qu’ils veulent nous décourager de voter !”

La majorité des électeurs a plus de 60 ans. Très très peu de primo-électeurs de 18-20 ans. Et dans ce quartier populaire de Nîmes, la Placette, je n’ai vu que très peu de personnes d’origine étrangère, 5-6 grand maximum. L’élection a peu mobilisé les jeunes, et les personnes nouvellement arrivées ici sont très peu informées sur la vie citoyenne.

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La matinée a été assez calme finalement. A peine perturbée par l’arrivée d’un élu important et surtout de sa petite cours qui le précédait, et toute l’agitation habituelle en pareille circonstance. La journée s’est poursuivie dans une monotonie plus prononcée que le matin.

J’ai continué mes explications détaillées auprès des électeurs. Beaucoup en avaient besoin.
Je les observés aussi, et compris leur façon de faire : l’électeur jette un œil d’abord sur le bulletin de la personne pour laquelle il va voter, puis il le prend, et enfin il fait semblant d’être intéressé par les autres bulletins, et en prend quelques uns… Très rare sont ceux qui cachent vraiment leur intention finalement. J’ai su qui était vainqueur même avant le dépouillement.

Le dépouillement s’est fait avec la même équipe de choc. Combien de fois ont-ils recommencé à compter les bulletins par 10? je ne saurais le dire. En tout cas tout a été vérifié et revérifié, et leur méthode ne peut pas laissé de place à l’erreur. L’expérience de toutes ces années jouent en leur faveur.

Une première expérience plutôt positive. A réitérer?